jeudi 14 août 2014

Chiclayo

Nous partons pour Chiclayo très tôt le matin à bord de l'autobus Emtrafesa; le billet nous coûte 14 soles (7$), c'est vraiment pas cher.  Par la fenêtre nous apercevons des régions désertiques puis des champs de cultures de maïs, de canne à sucre et de riz.  Comme il ne pleut presque jamais dans cette région désertique, sauf au temps d'El Niño et le dernier fut en 1998, un système d'irrigation apporte aux champs l'eau en provenance de la mer et des montagnes.  Nous profitons de ces 3 heures de trajet pour étudier un peu d'espagnol à l'aide du petit livre prêté par Julie.  Les expressions courantes qui s'y trouvent nous sont bien utiles.  Nous aurions bien besoin de bouchons d'oreilles car on vient d'ouvrir la télévision et les haut-parleurs sont juste vis-à-vis de nous.  Nous apprenons une leçon: mieux vaut réserver les billets d'autobus à l'avance afin de choisir les meilleures places. A l'approche de Chiclayo, nous découvrons un moyen de transport très populaire, il s'agit des mototaxis à 3 roues.


A notre  arrivée à Chiclayo, un taxi nous conduit à l'Hôtel Inca où nous avions réservé une chambre.  Heureuse surprise, l'hôtel est bien aménagé, très propre et offre beaucoup de services.  De plus, le personnel est affable et toujours à l'écoute.   Cet hôtel est bien meilleur que l'Hôtel Pullman à Trujillo où la chambre sentait le renfermé et le personnel avait une mauvaise attitude.  De notre chambre, nous avons une vue sur l'hôpital de la ville d'architecture coloniale et sur une jolie chapelle adjacente.


Nous partons à pied dans la ville pour nous rendre au restaurant Pueblo Viejo qui est coté comme un des meilleurs du Nord du Pérou dans notre guide de voyage.  Pour nous y rendre nous devons traverser une rue très achalandée, sans feux de circulation et sans arrêt obligatoire. Nous avons développé une tactique pour ces circonstances; nous nous tenons près des piétons qui traversent la rue sans crainte.  Cette fois-ci nous demandons à une dame de nous aider à traverser la rue.  Elle se met à nous jaser, toujours en espagnol, et à nous poser toutes sortes de questions.  Elle nous aide finalement à traverser et nous conduit au restaurant.  Elle nous quitte en nous embrassant plus d'une fois.   À notre grande déception, le restaurant Pueblo Viejo n'existe plus et est remplacé par un autre restaurant où nous nous mangeons quand même. Nous nous attendions à un dîner gourmet et nous sommes quittes pour de la nourriture graisseuse et sans goût, accompagnée de musique trop forte.

Dans l'après-midi nous nous rendons à la ville de Lambayeque au nord de Chiclayo  pour visiter le Musée des Tombes Royales de Sipán.  Notre guide ne parle qu'espagnol et c'est par petites bribes que nous absorbons les informations. Sipán était un lieu de sépulture à l'époque des Mochicas (de 200 ans avant JC à 600 après JC).  La découverte en 1987 du tombeau intact d'un chef mochica "Le Seigneur de Sipán" est la plus importante jamais faite depuis la découverte des ruines de Machu Picchu.  Dans ce lieu de sépulture ont  également été retrouvés les squelettes de la femme du Seigneur, de deux concubines, d'un gardien et d'un guerrier, tous offerts en sacrifice à la mort du Seigneur.  Les pieds du gardien ont été coupés afin qu'il ne s'évade pas.  Des ornements en or et des poteries se trouvaient également dans les tombes.  Sur ce site, les archéologues ont aussi découvert le tombeau du vieux Seigneur de Sipán qui a vécu environ 100 ans avant le premier et celui d'un prêtre.

Au Musée des Tombes Royales de Sipan
Àprès notre visite, nous retrouvons Juan, notre chauffeur de taxi, qui nous ramène à l'hôtel.  Il est tellement aimable que nous réservons ses services pour tous nos déplacements hors de la ville.

Dès 8h30 le lendemain matin, nous nous rendons à quelques trente kilomètres de Chiclayo avec  Maria, notre guide,  pour la visite du site archéologique de Tucume. Dans la cour, d'immenses caroubiers jettent de l'ombre sur une aire de rassemblement.  Le fruit du caroubier est utilisé dans la cuisine et sert aussi à préparer un sirop pour soigner les maladies respiratoires. Les civilisations anciennes utilisaient ce bois pour fabriquer des armes et des instruments de travail, pour sculpter des statues ainsi que pour chauffer les fours à poterie. Tout comme à la Huaca de la Luna à Trujillo, nous sommes accueillies par un chien sans poil (biringo) qui habite sur ce site et qui est nourri par les gens qui y travaillent. Les pièces de poterie qu'on peut voir dans le musée démontrent que ces chiens existaient déjà à l’époque des Mochicas. Le musée possède de belles pièces de poterie utilisées lors des cérémonies au temple. Comme ces civilisations n'avaient pas de système d'écriture, la poterie servait à représenter les coutumes, les croyances religieuses, les événements, les animaux et les plantes.

Site archéologique de Tucume
Le site de Tucume comprend 26 pyramides de diverses natures: temples, palais, centres administratifs, cimetières. La ville s'est développée autour de la Montagne Sacrée dont l'accès était réservé aux prêtres et aux nobles. La plus grande pyramide, la Huaca Larga, mesure 700 mètres de long et est la plus grande structure en adobe de l'Amérique du Sud. Trois grandes civilisations ont habité ce site de l’an 1100 jusqu'à la conquête espagnole en 1532: les Lambayeques ou Sicans, les Chimus et les Incas. Les fouilles ont commencé en 1989 et seule une petite partie du site est accessible aux visiteurs.  Un escalier de pierre mène en haut de la montagne et un belvédère offre une vue panoramique sur tout le site. À notre arrivée en haut de la montagne, un vautour se perche tout près de nous. Pourtant, malgré la chaleur, nous ne sentons pas la charogne.



Voici une anecdote intéressante racontée par Maria.

"Depuis la conquête espagnole, cette montagne s'appelle la Montagne du Purgatoire. On raconte que pour effrayer la population et inciter les indigènes à se convertir au catholicisme, les espagnols ont envoyé des hommes habillés en diable sur le flanc de la montagne et ont allumé de grands feux.  Ils circulaient ensuite à cheval tout autour de la montagne et disaient aux gens que s'ils ne se convertissaient pas, ils seraient brûlés.  De nos jours, lors de la fête de l'Immaculée Conception, les gens dansent costumés en diable pour rappeler cet événement."


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