Nous partons pour Chiclayo très tôt le matin à bord de
l'autobus Emtrafesa; le billet nous coûte 14 soles (7$), c'est vraiment pas
cher. Par la fenêtre nous apercevons des régions désertiques puis des
champs de cultures de maïs, de canne à sucre et de riz. Comme il ne pleut
presque jamais dans cette région désertique, sauf au temps d'El Niño et le
dernier fut en 1998, un système d'irrigation apporte aux champs l'eau en
provenance de la mer et des montagnes. Nous profitons de ces 3 heures de
trajet pour étudier un peu d'espagnol à l'aide du petit livre prêté par
Julie. Les expressions courantes qui s'y trouvent nous sont bien
utiles. Nous aurions bien besoin de bouchons d'oreilles car on vient
d'ouvrir la télévision et les haut-parleurs sont juste vis-à-vis de nous.
Nous apprenons une leçon: mieux vaut réserver les billets d'autobus à l'avance
afin de choisir les meilleures places. A l'approche de Chiclayo, nous
découvrons un moyen de transport très populaire, il s'agit des mototaxis à 3
roues.
A notre arrivée à Chiclayo, un taxi nous conduit à
l'Hôtel Inca où nous avions réservé une chambre. Heureuse surprise,
l'hôtel est bien aménagé, très propre et offre beaucoup de services. De
plus, le personnel est affable et toujours à l'écoute. Cet hôtel
est bien meilleur que l'Hôtel Pullman à Trujillo où la chambre sentait le
renfermé et le personnel avait une mauvaise attitude. De notre chambre,
nous avons une vue sur l'hôpital de la ville d'architecture coloniale et sur
une jolie chapelle adjacente.
Nous partons à pied dans la ville pour nous rendre au
restaurant Pueblo Viejo qui est coté comme un des meilleurs du Nord du Pérou
dans notre guide de voyage. Pour nous y rendre nous devons traverser
une rue très achalandée, sans feux de circulation et sans arrêt obligatoire.
Nous avons développé une tactique pour ces circonstances; nous nous tenons près
des piétons qui traversent la rue sans crainte. Cette fois-ci nous
demandons à une dame de nous aider à traverser la rue. Elle se met à nous
jaser, toujours en espagnol, et à nous poser toutes sortes de questions.
Elle nous aide finalement à traverser et nous conduit au restaurant. Elle
nous quitte en nous embrassant plus d'une fois. À notre grande
déception, le restaurant Pueblo Viejo n'existe plus et est remplacé par un
autre restaurant où nous nous mangeons quand même. Nous nous attendions à un
dîner gourmet et nous sommes quittes pour de la nourriture graisseuse et sans
goût, accompagnée de musique trop forte.
Dans l'après-midi nous nous rendons à la ville de Lambayeque
au nord de Chiclayo pour visiter le Musée des Tombes Royales de
Sipán. Notre guide ne parle qu'espagnol et c'est par petites bribes que
nous absorbons les informations. Sipán était un lieu de sépulture à l'époque
des Mochicas (de 200 ans avant JC à 600 après JC). La découverte en 1987
du tombeau intact d'un chef mochica "Le Seigneur de Sipán" est la
plus importante jamais faite depuis la découverte des ruines de Machu
Picchu. Dans ce lieu de sépulture ont également été retrouvés les
squelettes de la femme du Seigneur, de deux concubines, d'un gardien et d'un
guerrier, tous offerts en sacrifice à la mort du Seigneur. Les pieds du
gardien ont été coupés afin qu'il ne s'évade pas. Des ornements en or et
des poteries se trouvaient également dans les tombes. Sur ce site, les
archéologues ont aussi découvert le tombeau du vieux Seigneur de Sipán qui a
vécu environ 100 ans avant le premier et celui d'un prêtre.
Au Musée des Tombes Royales de Sipan |
Àprès notre visite, nous retrouvons Juan, notre chauffeur de
taxi, qui nous ramène à l'hôtel. Il est tellement aimable que
nous réservons ses services pour tous nos déplacements hors de la ville.
Dès 8h30 le lendemain matin, nous nous rendons à quelques trente
kilomètres de Chiclayo avec Maria, notre guide, pour la visite
du site archéologique de Tucume. Dans la cour, d'immenses caroubiers
jettent de l'ombre sur une aire de rassemblement. Le fruit du caroubier
est utilisé dans la cuisine et sert aussi à préparer un sirop pour soigner les
maladies respiratoires. Les civilisations anciennes utilisaient ce bois pour
fabriquer des armes et des instruments de travail, pour sculpter des statues
ainsi que pour chauffer les fours à poterie. Tout comme à la Huaca de la Luna à
Trujillo, nous sommes accueillies par un chien sans poil (biringo) qui habite
sur ce site et qui est nourri par les gens qui y travaillent. Les pièces de
poterie qu'on peut voir dans le musée démontrent que ces chiens existaient déjà
à l’époque des Mochicas. Le musée possède de belles pièces de poterie utilisées
lors des cérémonies au temple. Comme ces civilisations n'avaient pas de système
d'écriture, la poterie servait à représenter les coutumes, les croyances
religieuses, les événements, les animaux et les plantes.
Site archéologique de Tucume |
Le site de Tucume comprend 26 pyramides de diverses natures:
temples, palais, centres administratifs, cimetières. La ville s'est développée
autour de la Montagne Sacrée dont l'accès était réservé aux prêtres et aux
nobles. La plus grande pyramide, la Huaca Larga, mesure 700 mètres de long et
est la plus grande structure en adobe de l'Amérique du Sud. Trois grandes
civilisations ont habité ce site de l’an 1100 jusqu'à la conquête espagnole en
1532: les Lambayeques ou Sicans, les Chimus et les Incas. Les fouilles ont
commencé en 1989 et seule une petite partie du site est accessible aux
visiteurs. Un escalier de pierre mène en haut de la montagne et un
belvédère offre une vue panoramique sur tout le site. À notre arrivée en haut
de la montagne, un vautour se perche tout près de nous. Pourtant, malgré la
chaleur, nous ne sentons pas la charogne.
Voici une anecdote intéressante racontée par Maria.
"Depuis la conquête espagnole, cette montagne s'appelle la
Montagne du Purgatoire. On raconte que pour effrayer la population et inciter
les indigènes à se convertir au catholicisme, les espagnols ont envoyé des
hommes habillés en diable sur le flanc de la montagne et ont allumé de grands
feux. Ils circulaient ensuite à cheval tout autour de la montagne et
disaient aux gens que s'ils ne se convertissaient pas, ils seraient
brûlés. De nos jours, lors de la fête de l'Immaculée Conception, les gens
dansent costumés en diable pour rappeler cet événement."
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