Nous
débutons notre première journée à Arequipa par une visite au Couvent
de Santa Catalina. Le couvent, habité par des Carmélites, fut fondé en
1579, moins de 40 ans après l'arrivée des Espagnols au Pérou. Il est
construit en pierres volcaniques blanches (sillard). Le couvent est comme
une ville à l'intérieur de la ville d'Arequipa. Il comprend 65 petites
maisons pouvant abriter une, deux ou trois religieuses chacune. Six rues
à l'intérieur des murs portent le nom de villes espagnoles: Cordoba, Tolède,
Séville, Malaga, Burgos et Granada. Le couvent comprend également
trois cloîtres: celui des novices, des orangers et le cloître
majeur.
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Couvent Santa Catalina |
Les
murs qui longent les rues et les cloîtres sont peints en bleu vif, ocre ou
oranger et on retrouve des fleurs partout. Une terrasse offre une vue sur
toute la ville et sur les montagnes qui l'entourent. Le couvent possède
aussi un lavoir et un cimetière. Il fut un temps où il abritait jusqu'à
500 religieuses. Vers 1800 on y retrouvait même une petite école privée
où les jeunes filles de la noblesse venaient apprendre à lire, à écrire et à
jouer de la musique.
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Le lavoir |
A
l'époque, la deuxième fille des familles de la noblesse espagnole était dédiée
à la vie religieuse, ce qui assurait le salut aux autres membres de la
famille. Ces jeunes filles entraient au couvent vers l'âge de 12 ans
comme novices. Après quatre ans de noviciat, elles devenaient religieuses
et portaient le voile noir. Les parents donnaient une dot de 1000 à 2400
pesos, ce qui était une somme considérable à l'époque. La dot pouvait
aussi inclure de la vaisselle de qualité, des meubles et autres articles de
luxe. En plus de leur dot, les jeunes filles pouvaient apporter avec
elles 25 objets qu'elles utilisaient pour meubler leur maison achetée par leur
famille. Elles pouvaient aussi amener avec elles jusqu'à 4 servantes qui
s'occupaient de faire la cuisine, laver le linge et entretenir la maison.
Chaque famille était responsable de nourrir leur fille et les servantes
pouvaient sortir du couvent pour aller chercher les denrées dont elles avaient
besoin. Les religieuses pouvaient recevoir la visite de leur
famille une fois par année.
En
1871, le Pape Pie IX a imposé la réforme des couvents. Les servantes
durent quitter le couvent mais certaines choisirent de devenir
religieuses. Le mode de vie devint plus sévère et plus austère. Les
religieuses durent quitter leurs maisons à l'intérieur du couvent pour vivre en
communauté, faire elles-mêmes la cuisine et l'entretien et dormir dans de
grands dortoirs. Le couvent est ouvert au public depuis 1970. Environ 25
religieuses, des Péruviennes de 18 à 80 ans, y habitent aujourd'hui.
Après cette visite, nous allons manger sur une terrasse surplombant la
Plaza de Armas, ayant vue sur la cathédrale et les montagnes. Nous payons
pour la vue, car la soupe est absolument infecte et baigne dans la
graisse. C'est la plus mauvaise que nous mangeons depuis notre arrivée au
Pérou. Nous décidons d'aller finir notre repas au petit restaurant ayant
pignon sur rue où nous avons pris un délicieux café au lait le matin.
En
après-midi, nous nous rendons visiter le Musée Santuarios Andinos dont les
expositions portent sur les offrandes humaines dans les montagnes au temps des
Incas. En 1995, au sommet du volcan Ampato, des anthropologues ont trouvé
la momie d'une jeune fille Inca en position foetale et enveloppée de riches
tissus. Au moment de sa mort, vers les années 1445, elle avait 12 ou 13
ans. On lui a donné le nom de Juanita. Elle avait été offerte en
sacrifice aux dieux de la montagne Ampato par les prêtres Incas. Après de
grands rites et festivités, Juanita a été endormie avant d’être tuée d'un coup
sur la tempe droite. Les vêtements et les offrandes trouvés près d'elle,
démontrent qu'elle venait d'une famille noble. Son corps a été
conservé dans les glaces de la montagne pendant 500 ans. Les chercheurs
procèdent à des études d'ADN pour obtenir d'autres informations sur cette jeune
fille.
Nous
passons le reste de l'après-midi à nous promener dans les rues autour de la
Plaza de Armas qui sont bordées de restaurants, de petites boutiques et
d'agences de voyage. Nous arpentons les rues San Francisco, Santa
Catalina et Jerusalén à maintes reprises, à la recherche d'une agence pour
notre séjour au Canyon Colca. Nous visitons quelques vieilles demeures
coloniales, des musées, des églises et faisons plusieurs achats. Nos sacs
à dos deviennent de plus en plus lourds et n'ont plus un seul espace libre.