dimanche 25 mai 2014

Cajamarca

Patricia est malade aujourd'hui. Les mets servis trop en abondance la veille dans un restaurant de la ville ne lui ont pas réussi.   Elle reste à l'hôtel pour se reposer et je pars en excursion à Cumbe Mayo.



Les maisons dans la campagne à l'extérieur de Cajamarca, sont construites de rangs de pierres qui alternent avec des rangs de briques d'adobe (terre et herbe ichu).  Le jour, les pierres absorbent la chaleur du soleil ce qui contribue à garder la maison plus chaude la nuit.  Ce type de construction résiste mieux aux tremblements de terre qui sont fréquents dans cette région.


L'agriculture est l'industrie principale de la région. On y retrouve de grands troupeaux de vaches et une production considérable de lait et de fromage.  On fait aussi l'élevage des moutons qui fournissent la laine pour l'habillement car il fait froid dans les montagnes.  Les hommes portent d'épais pantalons de laine et les femmes plusieurs jupes superposées, parfois jusqu'à sept ou huit.  Hommes et femmes portent un sombrero tissé très serré dont la calotte est très haute.  En plus de protéger du soleil, il sert à puiser de l'eau dans les lacs et rivières ainsi que de mesure pour le troc de produits, pratique courante encore aujourd'hui dans cette région (ex: un sombrero de patates en échange d'un sombrero d’haricots).  Des mines sont aussi exploitées dans la région et de nombreux ouvriers viennent de l'extérieur de Cajamarca pour y travailler.


Sur les lieux, la civilisation cajamarca a construit un canal pour amener l'eau de la montagne jusqu'à Cajamarca.  Le canal avait deux fonctions: religieuse et agricole.  Sur 9 kilomètres de longueur, le canal alimentait les terres agricoles. De construction ingénieuse, il est sculpté dans la pierre volcanique et comprend des segments en zigzag pour ralentir le courant et réduire l'érosion.  On a retrouvé tout près du canal un autel de pierres sur lequel on sacrifiait des animaux aux dieux et dont le sang se mêlait à l'eau du canal.  À quelques endroits le long du canal, on peut voir des pétroglyphes dans la pierre.  Le canal date de 1000 ans avant J.C.



Dans l'après-midi, je visite la cathédrale ainsi que l’église San Francisco avec son petit musée d'objets religieux et ses catacombes; les deux sont construites en pierres volcaniques avec des façades sculptées.  L'autel principal dans la cathédrale est sculpté en bois et recouvert de feuilles d'or.  Comme dans toutes les églises visitées, les statues, de bois ou de plâtre, portent de magnifiques vêtements brodés de fils d'or et d'argent et souvent décorés de pierres précieuses.








La journée se termine par la visite du "Cuarto del Rescate",  la cellule où l'empereur inca Atahualpa fut emprisonné en 1532 par le conquérant espagnol, Francisco Pizzaro, avant d'être exécuté sur la Plaza de Armas, malgré qu’il ait promis de remplir plusieurs fois sa cellule d’or et d’argent si les Espagnols lui épargnaient la vie.






Ce matin je me sens mieux.  Chose certaine, je ne veux plus voir les murs de notre chambre où j'ai passé la journée précédente à l'horizontal.  La ville bourdonne d'activités aujourd'hui; c'est la fin de l'année scolaire et les étudiants arrivent en grand nombre par autobus pour visiter la ville de Cajamarca et ses alentours.


Nous souhaitons visiter le petit village d'Otuzco, célèbre pour ses "ventanillas" (niches funéraires), mais aucune agence locale n'offre cette activité en matinée.  Comme nous prenons l'avion pour Lima en fin d'après-midi, nous ne pouvons pas nous joindre aux groupes partant vers 15h00. Nous hélons un taxi sur la place centrale et, après discussion tenue en espagnol par Pauline qui se débrouille de mieux en mieux, nous établissons notre itinéraire et le prix avant de quitter la ville.  Le taxi n'est pas un carosse et il a sûrement bien des années d'usure mais il est beaucoup plus confortable que le mini-bus délabré que Pauline a pris hier.

À l'entrée du site des "Ventanillas d'Otuzco", un guide nous offre ses services contre une contribution volontaire mais malheureusement il ne parle pas anglais.  Ses explications en espagnol sont toutefois très claires et nous réussissons à les comprendre.  Il nous apprend qu'il a fait des études à Cajamarca pour devenir guide mais qu'il a fait la fête plutôt que d'apprendre l'anglais, ce qui le limite beaucoup dans ses possibilités d'emploi.  Maintenant qu'il est marié et a deux jeunes enfants, il n'a plus les moyens de retourner aux études.  En plus d'un pourboire, nous lui laissons quelques petits cadeaux pour ses enfants.


Les "ventanillas" étaient un lieu de sépulture pour les nobles de la région de Cajamarca de 1130 avant J.C. jusqu'à 1240 de notre ère. Le site d'Otuzco comprend 337 niches sculptées à même la pierre volcanique.  Chacune abritait un défunt mais certaines servaient à la sépulture de toute une famille, dont une qui mesure 8 mètres de profondeur et contient 7 petites niches latérales.  Une fois placé en position foetale et enveloppé de tissus, le corps était déposé à la verticale dans un trou à l'intérieur de la niche, accompagné d'objets pouvant servir dans la vie de l'au-delà.  Une porte servait ensuite à fermer la niche.  Malheureusement, avant que le site soit protégé, des pilleurs de tombes appelés "Huaqueros" ont vidé les niches de leurs objets précieux pour les vendre au marché noir.  L'érosion de la pierre volcanique par l'action de la pluie a aussi beaucoup endommagé les ventanillas.  Le site attira l'attention d'archéologues en 1937. Depuis, il a été aménagé pour permettre les visites tout en protégeant ce qu'il reste du lieu.

Ventanillas d'Otuzco, ancien lieu de sépulture

Ventanilla pour une famille entière

Nous terminons notre séjour à Cajamarca par une visite du complexe architectural de Belén, construit presqu'entièrement en pierres volcaniques.  La façade de l'église est une des plus belles de toute l'architecture coloniale du Pérou.  L'hôpital pour hommes, tenu par des Franciscains dès 1630, ne sert plus aujourd'hui mais est ouvert aux visiteurs.  A l'époque, tous les lits faisaient face à un autel et à une statue de la Vierge de la piété pour inciter les patients à la prière. L'hôpital pour femmes est devenu un musée archéologique et ethnographique.


Nous nous envolons vers Lima en fin d'après-midi avec la compagnie Aero Condor.  À l'embarquement, cette compagnie veut tout savoir de nous: on nous pèse et on nous demande notre âge (et nous avons été honnêtes!!!).  Les terroristes ne semblent pas être leur première préoccupation.

Notre voyage s'achève car de Lima nous nous envolerons demain vers le Canada.  Mais avant, nous passons la journée dans le joli quartier Miraflores où nous dégustons le meilleur ceviche au monde. 

Nous gardons un beau souvenir de tous les endroits visités et des Péruviens qui nous ont chaleureusement accueillies et offert leur aide.  

Nous aurions aimé passer un jour de plus dans les villes de Cuzco et d'Arequipa et avoir choisi de séjourner à l'Île Amantani au lieu de l'Île Taquile au Lac Titicaca.  Ceci fait partie des découvertes que l'on fait jour après jour et selon nos coups de coeur, ce qu'aucun guide de voyage ne peut nous transmettre.


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